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EFFETS INDESIRABLES - LARRY FONDATION - 10/18 (TUSITALA)

Publié le par Bob

LA CITE DES ANGES FURIEUX

On nous avait prévenus. Ce livre exhalerait d’âcres effluves ? On y va, ça ne fait ni une ni deux. Autant demander à un blogueur d’accepter les services de presse - cependant cet exemplaire (notre unique choix) nous a été aimablement envoyé par Babelio.

 

A la lecture des premières nouvelles de ce recueil, c’est un silence intérieur qui s’impose. Lecture vigilante - on nous a averti -, lecture qui bientôt se laisse porter par le flux d’un philtre insidieux. Une image incongrue frappe notre rétine, celle d’un immeuble entouré d’un silence pesant qui précède les détonations des explosifs et ce bâtiment qui s’effondre dans un fracas assourdissant. On a beau s’y préparer, il est quasiment impossible de ne pas tressaillir.   Qu’elles se limitent à quelques lignes ou bien qu’elles couvrent plusieurs pages, chaque nouvelle est saturée de cette déflagration qui prolonge le vide d’existences troublées, en suspens. Ces instants de vie (et de mort) nous éclatent dans les mains comme autant de pétards que l’on croyait mouillés. On sursaute. On n’était pas préparés.

 

Larry Fondation, que nous découvrons ici, témoigne en nous trimbalant dans la Cité des Anges, anges furieux. Dans cette folle parade cosmopolite ce sont des individus qui défilent avec souvent le trépas au bout de la route. Au cœur de cette violence - qui stoppe dans leur élan ces êtres souvent (dés)abusés - la stupidité du destin avec son sourire vicieux montre ses crocs pour annoncer le terme. Ces femmes et ces hommes sont tous en partance pour le pire. On rit sous cape, tant pis on s’esclaffe. Le désordre associé à la folie est un cocktail détonnant, un remarquable pourvoyeur de plaisirs immoraux - ici la lecture, ne soyons pas fous. On pouffe puis l’on est proche de l’effarement, le choc des contraires. Et elle danse cette poésie impertinente et affreusement savoureuse. L’auteur est féroce et canaille. La malice est létale. La vie semble si fragile - un faux pas ? C’est la dégringolade.

 

Effets indésirables est un objet littéraire furieux mais il n’est pas dangereux pour la santé, bien au contraire. 200 pages trèès noires mais pas sales. Les dingues ne sont pas tous enfermés, ils abusent de leur intrinsèque perversion ou de leur habile démence. Génial, impayable et ogresque.

Effets indésirables, Larry Fondation, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Romain Guillou, éditions 10/18 2018 (Tusitala 2016), parution : 06/09/2018, 212 pages.

 

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