LA FILIÈRE ÉCOSSAISE - GORDON FERRIS - SEUIL

MORT AUX RATS !
Introduction* : « Il y va fort le Gordon. Même pas eu le temps de faire pipi. Une course endiablée où Brodie ne lâche pas d’une semelle ses ennemis. »
Nous avions quitté Les justiciers de Glasgow (deuxième tome de la tétralogie) avec une impression très favorable . Les retrouvailles avec Douglas Brodie le journaliste de
Gordon Ferris n’a pas son pareil pour reproduire un environnement historique - cette ville de Glasgow de l’après-guerre transie par les frimas mais secouée par des exactions qui vont provoquer une avalanche d’événements. Ainsi dans la progression ininterrompue de l’enquête il décrète l’état d’urgence - on ne s’attendait pas à assister à une intrigue aussi haletante. Cependant, les pauses - à la rédaction du journal, chez Samantha ou chez Isaac - sont des respirations (« La littérature ne permet pas de marcher, mais elle permet de respirer. » Roland Barthes) où l’auteur brode de belles pages de rapports humains qui permettent aussi de retrouver un rythme moins soutenu, des pulsations habituelles. Brodie qui fut policier ne peut contenir son instinct de chasseur - de plus ses émoluments vont mettre un peu de beurre dans les épinards car la période est difficile - et se lance dans ce qui va devenir une investigation de grande envergure. Un indice majeur va l’aiguiller vers un réseau d’anciens criminels de guerre nazis. C’est à Hambourg qu’il va se procurer des informations essentielles (une liste) qui vont confirmer ses hypothèses.
Ils ont quitté le navire ces rats qui ont infesté de leur rage des peuples déroutés. Profitant d’un pactole copieusement dérobé - ici l’or prélevé sur les cadavres - ils ont bénéficié de vils soutiens. Le Vatican, toujours braqué sur les Rouges ne fut pas le dernier à offrir son réseau pour des destinations diverses. Les Etats-Unis ont notamment accueilli des chercheurs - dont certains médecins SS qui avaient pratiqué des expériences sordides sur les prisonniers. Et bien entendu l’Amérique du sud. Dans les rangs de ces criminels de guerre fuyards on ne trouvait pas que des responsables de
Ce récit fictionnel est si prestement mené, si adroitement traité que l’on se laisse porter dans le flot des événements. Gordon Ferris légitime son propos et actionne la mécanique à suspense. L’obstination de ses personnages - parfaitement crédible - nous guide avec appétence dans leurs pas. La filière écossaise bénéficie de tous les atouts pour satisfaire le lecteur attentif aux vacillations de l’Histoire et adepte des trépidations d’une aventure excitante.
Mention : Le dernier opus : Les adieux de Brodie.
*Penny est mon assistante et amie. Elle intervient en introduction de mes chroniques.
« La filière écossaise », Gordon Ferris, éditions Seuil, traduit de l’anglais (Écosse) par Hubert Tézenas, parution : 09/02/2017, 480 pages.