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LA FILIÈRE ÉCOSSAISE - GORDON FERRIS - SEUIL

Publié le par Bob

MORT AUX RATS !

Introduction* : « Il y va fort le Gordon. Même pas eu le temps de faire pipi. Une course endiablée où Brodie ne lâche pas d’une semelle ses ennemis. »

 

Nous avions quitté Les justiciers de Glasgow (deuxième tome de la tétralogie) avec une impression très favorable . Les retrouvailles avec Douglas Brodie le journaliste de la Gazette de Glasgow se sont avérées très palpitantes. Car ce roman fouille dans des heures sombres qu’une après-guerre tente de démêler. Fin 1945, Douglas a collaboré à la préparation du procès des chefs du camp de Bergen-Belsen. Il en ressort très éprouvé. Deux ans plus tard, alors que des cambriolages sont commis dans la communauté juive de la ville, il est contacté par un ami et finit par découvrir le responsable. Mais des meurtres sont perpétrés qui semblent être en relation avec la précédente affaire. Puis il est mandaté pour un procès en Allemagne en compagnie de l’avocate Samantha Campbell, sa (pas tout à fait) compagne. A partir de cette tragédie locale l’enquêteur va devoir faire face à une coriace machination.

 

Gordon Ferris n’a pas son pareil pour reproduire un environnement historique - cette ville de Glasgow de l’après-guerre transie par les frimas mais secouée par des exactions qui vont provoquer une avalanche d’événements. Ainsi dans la progression ininterrompue de l’enquête il décrète l’état d’urgence - on ne s’attendait pas à assister à une intrigue aussi haletante. Cependant, les pauses - à la rédaction du journal, chez Samantha ou chez Isaac - sont des respirations (« La littérature ne permet pas de marcher, mais elle permet de respirer. » Roland Barthes) où l’auteur brode de belles pages de rapports humains qui permettent aussi de retrouver un rythme moins soutenu, des pulsations habituelles. Brodie qui fut policier ne peut contenir son instinct de chasseur  - de plus ses émoluments vont mettre un peu de beurre dans les épinards car la période est difficile - et se lance dans ce qui va devenir une investigation de grande envergure. Un indice majeur va l’aiguiller vers un réseau d’anciens criminels de guerre nazis. C’est à Hambourg qu’il va se procurer des informations essentielles (une liste) qui vont confirmer ses hypothèses.

 

LA ROUTE DES RATS     

 

Ils ont quitté le navire ces rats qui ont infesté de leur rage des peuples déroutés. Profitant d’un pactole copieusement dérobé - ici l’or prélevé sur les cadavres - ils ont bénéficié de vils soutiens. Le Vatican, toujours braqué sur les Rouges ne fut pas le dernier à offrir son réseau pour des destinations diverses. Les Etats-Unis ont notamment accueilli des chercheurs - dont certains médecins SS qui avaient pratiqué des expériences sordides sur les prisonniers. Et bien entendu l’Amérique du sud. Dans les rangs de ces criminels de guerre fuyards on ne trouvait pas que des responsables de la Gestapo ou des SS, les salauds ordinaires, les petites mains sales ont également emprunté cette voie. Gordon Ferris invente un transfert via Glasgow et lance son enquêteur sur une piste sanglante qui visite les faits historiques. De sa plume il trace les contours d’une ville affaiblie par les stigmates des bombardements. 

 

Ce récit fictionnel est si prestement mené, si adroitement traité que l’on se laisse porter dans le flot des événements. Gordon Ferris légitime son propos et actionne la mécanique à suspense. L’obstination de ses personnages - parfaitement crédible - nous guide avec appétence dans leurs pas. La filière écossaise bénéficie de tous les atouts pour satisfaire le lecteur attentif aux vacillations de l’Histoire et adepte des trépidations d’une aventure excitante.

 

Mention : Le dernier opus : Les adieux de Brodie.

*Penny est mon assistante et amie. Elle intervient en introduction de mes chroniques.

 

« La filière écossaise », Gordon Ferris, éditions Seuil, traduit de l’anglais (Écosse) par Hubert Tézenas, parution : 09/02/2017, 480 pages.

 

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