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MONET IS MONET - LA DROLATIQUE HISTOIRE DE GILBERT PETIT-RIVAUD - FREDERIC REVEREND

Publié le par Bob

Introduction* : « Quand on pense que Monet a produit quantité de tableaux alors qu’il était atteint de cataracte… »

 

C’est aux portes du XXe siècle, alors que la peinture faisait toujours impression avec un certain Monet, que nous mène l’auteur. Dès les premières lignes l’imprégnation est immédiate, la justesse de l’écriture nous permet de humer les saveurs d’antan, de nous faufiler dans les décors pittoresques. Dans ce cadre et dans les pas de Gilbert Petit-Rivaud chaque apparition d’un nouveau personnage - ils sont nombreux - est un événement. En effet, le jeune peintre s’installe à Giverny où il compte bien rencontrer le maître. C’est en découvrant les lieux et alors qu’il va mener l’enquête quand un cadavre décapité est retrouvé mort - à en perdre la tête - que Gilbert va côtoyer une foule d’individus singuliers - un savant excentrique, des sœurs énigmatiques, une bourgeoise sensuelle, un archéologue fantasque et bien d’autres.

 

Ainsi par le biais d’un fait-divers, Frédéric Réverend dresse des portraits aussi attachants qu’insolites, invite des personnalités existantes et nous entraîne dans des lieux notoires. Il nous convie à une promenade - avec quelques rebondissements - propice à la nostalgie, à esquisser des traces historiques de la mémoire collective. Lenteur du pas mais entrain - et panache - de la plume. « En silence, ayant achevé cette première approche en tracés et à-plats de couleur, Gilbert fit tremper ses pinceaux. Il l’avait cherchée dans l’image naissante, sans être sûr de l’y avoir trouvée. Elle avait peu parlé, seulement une fois, avant de commencer, pour lui dire que ses seules exigences étaient d’être peinte parée de ses bijoux mais sur le motif, c’est-à-dire dans son décor naturel et non en atelier, et nue, sans qu’il vit dans sa nudité autre chose qu’un sujet à peindre. Lady Blossom se couvrit et s’approcha, il sentit son parfum, quelque chose de vanillé. Un extrait d’orchidée, peut-être. » L’auteur manie également l’imaginaire avec espièglerie. « Sous son unique sourcil, le docteur Belhomme veillait sur tout le village et circulait d’un foyer à l’autre. - A Giverny, lui confia-t-il, on peu observer un étrange syndrome : beaucoup de gens acquièrent spontanément l’âme artiste. J’y ai vu des plombiers se faire sculpteurs, des dentistes écrire des vers, des croque-morts se mettre au ballet, des sourds jouer du Paganini, des ennuyeux acquérir de la verve, des usuriers pleurer devant des couchers de soleil et quantité de touristes se faisant aquarellistes ou refusant de repartir chez eux. En revanche, les natifs semblent immunisés. Mais ils ont d’autres pathologies… »

 

Frédéric Révérend, qui est aussi notamment dramaturge, nous offre avec La drolatique histoire de Gilbert Petit-Rivaud un objet littéraire surprenant car il parvient à donner l’illusion d’un voyage dans le temps. A travers ce savoureux et allègre récit souvent cocasse, par le choix de personnages saisissants et le style approprié, c’est un fragment de notre Histoire qui défile.   

 

Mention : « Et, à fleur d'eau, dans la tiédeur de la nappe dormante doucement chauffée, des Nymphéa ouvraient leurs étoiles roses. — (Émile Zola, La Curée, 1871)

*Penny est mon assistante et amie. Elle intervient en introduction de mes chroniques.

 

« La drolatique histoire de Gilbert Petit-Rivaud  », Frédéric Révérend, éditions Lajouanie, parution : 7 octobre 2016, 240 pages.

 

 

 

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