C’EST LA CHUTE FINALE - METAL AMER - YVON COQUIL
Introduction* : « Ca soude et ça dessoude!»
Onze nouvelles noires. Onze brassées de vie ouvrière. Un réalisme rêche teintée d’une piquante dérision. Des récits brut de décoffrage. « L’auteur a travaillé une trentaine d’années sur les chantiers navals à Brest, notamment en tant que charpentier-tôlier. Il n’aime rien tant qu’appeler la fiction pour dire sa vérité. » L’action se situe en partie dans cette « Fin de terre », dans les quartiers populaires et les cales sèches. Dans ces onze récits Yvon Coquil raconte un monde qui fut le sien, une famille avec ses hauts et ses bas, ses fureurs et ses douleurs. Témoin actif des soubresauts, luttes et détresses de cette masse dite ouvrière, il nous conte son quotidien avec cette tendresse fraternelle qui vous remue les tripes.
Les coudes sont sur les comptoirs, les corps sont meurtris par les conditions de travail, la débrouille est de mise, la grève gronde, les humeurs sont mauvaises, le syndicat n’est pas loin, le passé ressurgit. Ils font de la résistance. Même quand tombent les désespérés. Ces parcours sinueux nous les suivons sans apitoiement. Car, Yvon Coquil ne cède pas à la complainte, il les ressuscite ces oubliés des médias écrasés par un systéme aveugle. Désormais, ces anonymes ont des noms, une vie, des amis, des petits chefs tatillons, il faut simplement les voir exister pour comprendre. La vie de ces sans-grades passe à la moulinette de la courte fiction où la chute - importante pour une nouvelle et un peu moins pour les acteurs - est souvent tragique, parfois tragi-comique.
Métal amer est un recueil de nouvelles qui participe de ce devoir de mémoire qui, par la plume réaliste de l’auteur, s’avère être un devoir de connaissance, car il ne convoque pas les morts pour une célébration fantomatique mais pour une approche sensible presque sentimentale du passé. On n’y cherche aucune légitimité car ce sont l’âme et le cœur qui s’expriment. En exposant des personnages rongés par une dure réalité, Yvon Coquil met son grain de sel qui fait virer au noir ses histoires au quotidien banal. A la fois inspirée, palpable et grinçante, sa griffe agile offre un visa pour un territoire où le prolétariat n’était pas un vain mot. Il n’est pas nécessaire d’avoir une conscience de classe pour apprécier ces nouvelles émouvantes et cocasses. Une lecture vivement conseillée.
Mention : Dans la rubrique Tais-toi, t’es pas drôle : « C’est la chuu-te finaa-le… ! »
*Penny est mon assistante et amie. Elle intervient en introduction de mes chroniques.
« Métal amer » Yvon Coquil, éditions Sixto, collection Le Cercle, parution : 15/11/2016, nouvelles noires, 160 pages.
Son premier roman, "Black Poher", a obtenu le Prix du roman du festival du Goéland Masqué en 2008. En 2015, il a signé aux éditions Sixto un album de bande dessinée remarqué en duo avec le dessinateur Briac, "Quitter Brest"