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POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE - JE VIS JE MEURS - PHILIPPE HAURET

Publié le par Bob

POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE - JE VIS JE MEURS - PHILIPPE HAURET

Introduction* : « La femme est l'avenir de Serge. Et de Franck. »

Paris. Un retraité qui tombe amoureux, un flic qui tombe des boutanches et des jeunes dealers. Le premier traîne ses savates, le second traîne un mauvais karma. Les deux vont enfin tenter de sortir de leur apnée mortifère. Serge avec Janis, Franck avec Carole. Janis et Carole, sans elles le trou serait déjà à portée de pelletées. Mais les petits magouilleurs de la dope s'ébrouent. Quelques flingues sont de sortie alors que Serge et Franck entament leurs renaissances. Parfois, il est bon de prendre une bonne tape sur le cul ou de se l'octroyer. Parfois.

C'est un petit nouveau dans le monde du polar qui a signé chez Jigal. Voici donc le premier roman de Philippe Hauret qui devrait gentiment tracer sa route tout à fait différente de ses deux mecs/personnages qui de toute évidence n'auraient jamais dû se rencontrer et qui circulent sur un boulevard qui semble les conduire direct vers le néant. Quand ils lèvent subitement le nez comme un toutou qui renifle un danger imminent ou un os de dinosaure, l'un détecte une fée et l'autre passe d'abord dans la malle d'une bagnole avant d'enfin réagir. Serge brasse un fol amour pour Janis, cette jeune serveuse qui subit les maltraitances de son connard. Ce qu'il va entreprendre n'est pas conseillé à ceux qui ont le dingue espoir de vivre vieux – avec la tremblote et la couche Confiance. C'est le début des ennuis. José, le connard, est un vrai connard et il va le payer cher. C'est le frère du petit caïd qui est surveillé par Franck et son collègue flic. Ceux-ci vont hériter de l'affaire du type enterré dans la forêt avec du plomb dans le corps.

Il y a un flic et il y a un monsieur tout le monde. Il y a un disparu. Il y a une enquête. Il y a des voyous. Il y a aussi deux femmes qui vont faire changer la donne. L'auteur se penche sur ces deux hommes. Le petit bout de la lorgnette nous les révèle comme deux êtres en vrac. Mais, parfois, il suffit d'un rien pour que l'on chavire et que l'on choisisse son destin. Ainsi, c'est dans un même élan qu'ils affrontent leurs peurs, leurs résignations, leurs désespérances. Quelle que soit leur nouvelle détermination il est fort à parier que l'impact sera irrémédiable. Pour le meilleur et pour le pire.

C'est un roman noir qui fait défiler des personnages dont les banales existences se rangent dans une banale société qui vomit une banale violence et des détresses en veux-tu en voila. C'est la nôtre et ce sont nos concitoyens. Philippe Hauret exprime cette réalité avec un style spontané – parfois teinté d'une subtile dérision - qui se traduit par des dialogues expressifs. Il aime trop ses personnages, ses cœurs battants pour les trahir et nous offre sans apitoiement un texte décrassé au savon brut d'une sincère humanité. Il ne sombre pas dans le pathos car des perles d'espoir éclaboussent la fin de ce roman.

Je vis je meurs ne révolutionne pas le roman noir et c'est tant mieux car telle n'est pas l'intention de l'auteur. Il est dans la continuité de ces généreuses et solides fictions qui embrassent notre réalité pour nous la livrer franco de port. C'est le récit brut et efficace de la douloureuse constance de l'accablement social. On signe pour découvrir le prochain opus.

Mention : Je mets ma main au feu si Philippe Hauret ne sort pas bientôt un pur (et parfait) roman noir et social.

*Penny est mon assistante et amie. Elle intervient en introduction de mes chroniques.

« Je vis je meurs »; Editions Jigal ; Date de parution : Mars 2016 ; 232 pages.

Bien que né en 1963 à Chamalières, Philippe Hauret passe sa tendre enfance sur la Côte d’Azur, entre Nice et Saint-Tropez, avant de remonter progressivement, suite aux divers aléas de la vie parentale, vers les brumes d’une banlieue parisienne… Études chaotiques, errements divers, voyages et autres expédients, puis arrive une série de petits boulots – tous plus anachroniques et enrichissants les uns que les autres – à même de forger le caractère et l’expérience d’un futur auteur de polars ! Ayant depuis réussi à canaliser cette folle énergie, il travaille désormais pour la bibliothèque d’une université. Niveau hobbies, il adore la guitare – ses voisins un peu moins –, la littérature classique puis américaine, le cinéma et les séries, américaines toujours…

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