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HALTE AU PILLAGE !

Publié le par Bob

HALTE AU PILLAGE !

Introduction : « Non mais ça va pas la tête ? Ils piquent des statues vieilles de 900 ans au Cambodge. Ouf, cette fois-ci Malraux n'est pas dans le coup. »

Brighton. La police fait de drôles de découvertes dans les sous-sol du Royal Pavilion alors que son directeur est soupçonné de profanation de tombes. Au Cambodge Tingley s'active pour retrouver la trace de personnes qu'il a bien connues. Son passé va apporter des éléments de réponse. Il va se diriger vers Angkor Wat. A Brighton une asiatique cherche son fils soudainement disparu.

C'est avec Peter Guttrigde que j'inaugure ma première lecture d'un roman des Editions Rouergue Noir. L'une située en Angleterre et l'autre au Cambodge, les deux narrations s'alternent à chaque chapitre avec l'enquête d'une équipe de la police de Brighton et la quête inattendue d'un ancien commando d'élite qui fut amené à intervenir au cœur du système Khmer, à la tristement célèbre prison S-21 (entre 16000 et 20000 torturés et tués). Il s'avère que le pillage des monuments anciens enfouis dans la jungle de ce pays a attiré – et attire toujours - nombre de trafiquants prêts à alimenter le marché. Jimmy Tingley a des comptes à régler puisque trente-cinq années plus tôt l’opération ne s'est pas passée comme prévu. Il veut assouvir sa soif de vengeance. Gilchrist et Heap, duo de flics anglais atypique, va s'atteler à résoudre une affaire pas tout à fait banale qui va prendre une tournure inattendue. Le sieur Rafferty ne serait pas seulement un cinglé, un collectionneur de squelettes. Sans surprise les deux récits vont finir par n'en faire qu'un après de multiples péripéties liées à des complicités entre certains personnages.

Cette intrusion dans les crocs de Pol Pot est marquée par une description horrifique du régime. La course des soldats dans les salles de cet ancien lycée où s'entassent ces misérables hères est à vomir. Et l'on s'interroge, tatillons que nous sommes. Comment cette intervention aurait-elle pu avoir lieu alors que les petites mains fourmillaient ? Peu importe, l'auteur parvient à nous la rendre crédible tout comme ces escrocs qui continuent à s'enrichir avec ces trésors volés. On reste baba lorsque ceux-là mêmes arguent de l'intérêt de la sauvegarde des œuvres d'art pour justifier leurs actes. Alors on se penche sur le sujet, la mondialisation de ce trafic – alors que celui-ci est ancien - qui est finalement assez récent, souvent lié au trafic de drogue, d'êtres humains – évoqué dans le roman. Ce vandalisme aveugle appauvrit le patrimoine culturel du pays et engraisse des fripouilles. Évidemment, le Cambodge n'est pas le seul pays à subir ces juteuses forfaitures. Après de tumultueux soubresauts, Tingley et les enquêteurs de Brighton seront les témoins actifs de cette affaire de grande envergure.

Dans « Des hommes dépourvus de sentiments » le rythme varie en fonction des récits nourris par un style efficace. Faisant se succéder des scènes dynamiques et violentes, d'autres plus ancrées sur le tempo d'une enquête, Peter Guttridge affirme une belle habileté pour gérer son histoire. C'est aussi une stimulante réflexion sur le développement de ces nouveaux trafics qui dilapident ces richesses culturelles et historiques.

Mention : Des hommes dépourvus de sentiments... de culpabilité.

« Des hommes dépourvus de sentiments » Rouergue Noir, parution février 2016, 333 pages.

Né à Burley, ancien directeur de Brighton Literature Festival, Peter Guttridge reste un membre actif des événements littéraires britanniques. Après onze années passées à rédiger des critiques de romans policiers, il se retire du journal l'Observer pour se consacrer à l'écriture de fictions. Son œuvre compte une quinzaine de titres. Trois de ses romans sont déjà parus dans la collection Rouergue Noir : Promenade du crime (2012), Le dernier roi de Brighton (2013) et Abandonnés de dieu (2014)

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J
Salut Bob,<br /> Dis donc, tu es devenu célèbre ! Dans le Marianne consacré au polar, un excellent numéro par ailleurs, ton blog est mentionné comme étant l'un des blogs consultés et lus. Ça doit faire plaisir, non ? Bravo et respect. A propos de Guttridge, j'ai lu les deux tiers de sa trilogie consacré aux barons de Brighton. Sacré auteur. Me conseilles-tu chaudement ce "Nous sommes dépourvus de sentiment" ? Amitiés.
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B
Hello Jean,<br /> Que veux-tu, quand on allonge la monnaie, tout devient si simple... Trêve de plaisanterie, quand le journaliste m'a contacté j'ai été fort surpris. C'est toujours agréable. Merci pour ton encouragement mais je ne mérite pas autant. Quant au roman, ce n'est pas le polar de l'année mais entre la quête, l'enquête et le thème proposé, c'est bien amené et très plaisant. Je ne connaissais pas l'auteur. La trilogie t'a plu ? Amitiés