INCES-TUEUR
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Introduction : Penny a un message à passer : « Il n'en faudrait pas beaucoup plus pour que je débarque dans ce bled de merde et que je file un grand coup de balai dans cette bande de dégénérés pervers. Qu'ils se tiennent à carreau les enfoirés !
1972. Wyoming. Bittersmith. Avec une fourche dans la carotide sûr qu'il va plus pouvoir baver sur sa jeune fille Gwen, le Burt Haudesert. Pour Bittersmith, le shérif qui se voit éjecté de sa fonction le lendemain, le coupable ne peut être que Gale G'Wain, le garçon de ferme.
Une contrée ? D'accord ; froide ? D'accord ; mais paisible, vous pouvez repasser. Et franchement, on se doutait un peu que le sang sur la neige (sur la couverture) n'était pas celle d'un lapin. En effet, cette fausse quiétude qui plane sur ce bled et ses environs planque en fait quelques saletés que les autochtones mâles s'emploient à préserver, pour leur plus grand bien, sur le dos de leurs victimes soumises : les femmes et les enfants. Cette violence qui s'épanche va, après ce meurtre, prendre une autre dimension puisque de vengeance il s'agit. Le Clan des miliciens se met en action. Mais l'autre menace vient également de ce Bittersmith, shérif qui dirige manu militari et le falzar tire-bouchonné sur les godasses – sa secrétaire et tout ce qui porte jupons vous en causeront - son patelin qui porte d'ailleurs son nom, issu d'une lignée de shérifs. Viré par la milice maçonnique qui souhaite investir la place, il jette ses derniers dés pour tenter de reconquérir sa fonction. C'est dans cette région cernée par les frimas, bientôt assaillie par de fortes bourrasques de neige que Gale G'Wain tente de sauver sa peau alors qu'il vient de décamper, avec Gwen, la fille du défunt. C'est leur histoire d'amour qui leur ouvre enfin la porte d'une liberté à laquelle ils n'ont jamais réellement cru et qui ne sera que de courte durée. Il fut longuement platonique cet amour. Gwen étant traumatisé par le bruit de ces pas qui se dirigent vers sa chambre et annonciateurs d'un douloureux calvaire. Mais G'Wain parvient enfin à briser son silence, sa résignation.
Cette vaste contrée est le théâtre d'un enfermement. L'orphelinat, au commencement pour G'Wain puis sa grange refuge où l'on retrouve le corps et plus tard la maison abandonnée. Le jeune homme a trop souffert, est venu le temps de tout mettre sur la table. Cependant sont surtout enfouies des pratiques pas très catholiques dont ces terroirs ont le secret - patriarcat , incestes, etc. - et ce meurtre va permettre de les exhumer dans un déchaînement de sauvagerie. Et au bout du compte, le sort en est jeté, nul ne peut changer la donne. L'innocence sera salie, le manteau neigeux empourprée. Le maléfice aura livré ses victimes.
On louvoie de l'apitoiement aux menaces, de la bestialité à la soumission, de la manipulation à la passion. Roman à l'atmosphère irrespirable et glaciale « Une contrée paisible et froide » nous conte une belle relation amoureuse entre deux êtres malmenés par la vie.
Mention : J'ai horreur des motoneiges !
« Une contrée paisible et froide », Editions du Seuil ; Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Brice Matthieussent, Collection Seuil Policier, Parution le 3 septembre 2015 ; 352 pages.
Clayton Lindemuth, né à Royal Oak, Michigan, a grandi dans l'ouest rural de la Pennsylvanie. Après des études à l'Arizona State University, il s'est établi à Chesterfield, Missouri, où il travaille, pour l'instant, dans les assurances. Quand il n'écrit pas, il s'entraîne pour le marathon.