LE DESSERT DU TARTARO
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Introduction : « Des petits os d'enfants ? Non mais ils vont pas bien là dans ce foutu coin paumé ? » Après cette passe d'arme, un sourire malin vint se poser sur son visage et elle me soumit un titre pour cette chronique : LE DESSERT DU TARTARO !
Pays basque, Navarre, vallée de Baztàn. Enquêter sur des meurtres de femme alors que l'on est enceinte, c'est pas vraiment un cadeau. Si, de plus, il s'avère que le gugusse qui a fait ça semble pratiquer avec le même modus operandi des supplices ancestraux, ça file un brin le bourdon. Cependant l'inspectrice Amaia Salazar, malgré ses contrariétés avec sa famille et ses nuits très agitées, trouve les forces pour vaincre ses démons et tenter de choper le coupable.
C'est ainsi que Amaia tangue dangereusement entre un réel pas coton et des réminiscences qui ont un méchant relent de naphtaline puant. Voici que rôde le Tartaro, une vilaine créature avec un œil fiché au milieu de la figure – Penny : « Je me permets d’interrompre la chronique de Bob pour lui signifier qu’on appelle ça un CYCLOPE ! » - qui bouffe de la chair humaine – Penny : « C’est un cannibale ! » - et qui semble étroitement mêlé à ces meurtres perpétrés par les conjoints suicidés. Bon d'accord, c'est le Baztàn, il s'est déjà passé des trucs horribles (dans le tome I) mais ça commence à déconner sérieux.
Il est des erreurs à ne pas commettre puisque j'ai entrepris la lecture de ce roman sans avoir découvert le premier tome. Ainsi, j'ai posé mes pénates dans le Baztàn avec ce second opus de la trilogie. Je suis donc désormais dans un stupide état de frustration puisque je n'ai pas lu « Le gardien invisible » et il me manque des pièces au puzzle – imagine un peu le poster du bateau de pirates sans la tronche de Johnny Depp. Néanmoins l'univers de l'auteure est si singulier que l'on a les semelles de nos mocassins qui collent à cette terre prenant nos empreintes comme pour conserver des indices. On est ainsi inquiet de fouler le sol de ces lieux qu’un monstre a déjà fréquentés. Le scénario est amplement cimenté par l’apport du surnaturel qui, non par magie mais par l’imaginaire envoûtant de Redondo, jette une cape noire sur ce terroir. Ce récit est ainsi fondé sur des éléments qui prennent leur substance dans les liens familiaux, les stigmates du passé, le territoire et... les pratiques occultes.
Dolores Redondo joue quelque peu au chat et à la souris avec le lecteur qui va déceler des failles qui n'en sont pas. Ainsi on reste sur sa faim en refermant ce roman. Le regard porté sur sa famille m'a semblé être l'un des aspects le plus pénétrant de cette histoire puisque l'on explore la vie intime et secrète de l'inspectrice avec cet environnement teinté d'une forte tonalité baroque. Cependant le récit regorge par-ci de paraboles oniriques et par-là de considérations inutiles qui cassent le rythme tout en plombant l'ambiance.
« De chair et d'os » ne manque pas d'atouts malgré quelques lourdeurs s'il est abordé dans la continuité de « Le gardien invisible » dont j'ai lu plusieurs échos positifs. N'ayant pas eu le plaisir de le lire, je reste donc dans l'expectative et je me promets d'être plus attentif la prochaine fois.
Mention : Toujours commencer par le commencement, toujours commencer par le commencement, toujours...
« De chair de d'os », Mercure de France/Noir, Traduit de l’espagnol par Anne Plantagenet, Date de parution 19-03-2015, 550 pages.
Dolores Redondo (Donostia-San Sebastián, 1969) a étudié le droit et la restauration. Son premier roman, Le gardien invisible (Folio, 2015) est le premier volet de la trilogie de Baztan, trois thrillers situés dans les Pyrénées basques, qui ont été vendus à plus de 300.000 exemplaires en Espagne et traduits en 32 langues.