CA CANAILLE AU GABON
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Pourquoi faire tordu quand tu peux faire simple. Surtout si ça dépote. Pourquoi faire logorrhéique quand tu peux faire bref. Surtout si ça envoie. Loin, très loin des performances des géniteurs de pavés - « Qu’on dirait des parpaings ! » comme me le suggère mon amie Penny - Janis Otsiemi est accoudé à sa fenêtre et te propose ces 144 pages qui déglinguent épais. Le Gabon de la rue c’est pas un cadeau, je te le dis. Faut faire gaffe aux grosses allemandes qui démarrent en trombe.
Chicano sort de taule. Gracié. Gracias ! Son nom a été tiré au sort. Le bol. C’est fini pour lui, finies les emmerdes. Il va retrouver sa gonzesse et se trouver un job. Il a fait le serment à sa mère. Mira est en cloque. Pas de bol. Bah et puis il est fauché, c’est pas cool. Tiens, voila les potes qui rappliquent. Fais chier. Mauvais souvenirs. Mais la vie est aussi un éternel recommencement...
Si tu l’avales pas d’une seule traite ce bouquin, je te refile tous mes SP. Promis, juré, si je mens tu vas en enfer. Ca coule comme une bonne bière dans le gosier sec de Chicano. C’est limpide et tendu. « La vie est un sale boulot » se lit sans rupture, se mate comme un long travelling de cinoche. Devant ton écran panoramique, c’est la rue. Tu vas aussi t’imprégner de la poussière soulevée par les traine-misère, des effluences. Tu es au Gabon. Capitale : Libreville (Ouais la géo c’est pas ton fort, je t’aide...). C’est chaud là-bas. Otsiemi l’expérimente à loisir. Fenêtre sur rue. Avec sa gouaille. Avec son parler de la rue qui colore ses textes, ses mots qui roulent des fesses, qui taquinent la langue. « Il en avait pas mal engrossé dans la ville, et en avait fait ses deuxièmes bureaux (Femmes entretenues par un homme marié). » Et il nous trace une représentation rugissante de son pays trimballé par un pouvoir léonin qui s’engraisse, par des petites frappes qui agressent (Faut que tu te calmes mon bon Bob. Tu deviens lourd.). La corruption, fange de la fange, règne sur le territoire. Les féroces branques, braqueurs et imbéciles potes de Chicano vont la sentir passer. Mais auparavant, ils auront pris le temps de le remercier d’avoir purgé ces quelques années de geôle sans eux pour le meurtre de Farrad. L’amitié gabonaise, c’est pas rien.
Ce roman, c’est un petit bijou. Je te l’offre. Pour les diamants, c’est trop tard...
Note : 4/5
Mention : A part les safaris, t’es pas trop balèze question Afrique ? Viens par ici cher lecteur, Janis Otsiemi va te causer à l’oreille.
« La vie est un sale boulot » Editions JIGAL ; Date de parution : Mai 2014 ; 144 pages
Janis OTSIEMI est né en 1976 à Franceville au Gabon. Il vit et travaille à Libreville. Il a publié plusieurs romans, poèmes et essais au Gabon où il a reçu en 2001 Le Prix du Premier Roman gabonais. Depuis 2007, il est Secrétaire Général adjoint de l’Union des Écrivains Gabonais. Janis OTSIEMI est un digne représentant de ce qu’on pourrait appeler le «polar de la brousse»… Roman social et urbain, style (très) direct, récit émaillé d’expressions savoureuses, Janis OTSIEMI signe des romans miroir de la société gabonaise telle qu’il la vit et la perçoit aujourd’hui ! Il a obtenu le Prix du Roman Gabonais pour "La vie est un sale boulot" Une révélation…