LES MAINS VIDES - VALERIO VARESI - AGULLO

« Soneri bouillait de colère. Il ne reconnaissait plus sa ville ni le peuple de sa ville. Sa nature polémiste, sa rébellion anarchiste, son intolérance à toutes les injustices et son goût pour les barricades, où étaient ils passés? Ses yeux de commissaire voyaient défiler une communauté réduite en bouillie, et la chaleur n'était plus qu'une représentation physique d'une dérive bien plus profonde. »
Parme suffoque. Un meurtre. Valerio Varesi dépeint la ville comme une entité vivante, cette ville plombée par une chaleur qui accable où des incendies naissent à chaque coin de rue, à l’unisson de cette cité l’on retrouve un commissaire Soneri abattu par les révélations d’une enquête aux multiples ramifications. Au cours de ses déambulations le poids des apparences prend corps et c’est une nouvelle société parallèle, puissante et sans pitié qui se fait jour. Parme n’est pas épargné par les trafics, par la délinquance en col blanc, le commissaire ne lâche rien mais c’est au détriment de sa santé psychique.
« Ta sensibilité. Si tu étais un flic comme les autres, tu n'en aurais pas grand chose à foutre de toutes ces horreurs. La vérité, c'est que tu es un moraliste. C'est ça qui te fout en rogne. Tu n'as pas renoncé à tes idéaux et quand tu vois la réalité s'en éloigner, tu deviens enragé. Si beaucoup de tes collègues continuent d'avancer bêtement, c'est qu'ils n'affrontent rien. »
Dans Les mains vides l’auteur ne fait aucun cadeau à son personnage fétiche. S’il le malmène ainsi c’est pour mieux nous révéler ses pensées profondes, sans activer les rouages du pathos. Toujours avec une authentique élégance, l’intrigue subtile est guidée par une plume éclairée. Un nouveau roman de Valerio Varesi à déguster avec un éventail.
Les mains vides, Valerio Varesi, éditions Agullo, traduction Florence Rigolet, parution : 4 avril 2019, 272 pages.