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A DEUX DOIGTS DE LA MORT

Publié le par Bob

A DEUX DOIGTS DE LA MORT

Introduction : Penny fait sa maline : « On circule en terrain miné. »

Le Nord. Wollaing. Le commandant Erik Buchmeyer, enquêteur émérite, est contraint de gérer le meurtre de Pauline. Pas trop nette la jeunette. Le dénommé Wallet, coupable désigné, avait des comptes à régler avec elle. Le docteur Vanderbecken confie au flic une lettre de Pauline. Avec Sahila, son adjointe, il va renifler des trucs pas catholiques et ainsi trifouiller dans le passé industriel de ce patelin. Cela n'empêche pas la drogue de passer d'une main à l'autre, le chômage de perdurer et l'usine Berga d'être engloutie par la végétation.

Ayant raté la sortie de « Terminus Belz », je me rattrape avec ce second roman d'Emmanuel Grand qui semble avoir pris une tout autre direction. Point de fantastique dans « Les salauds devront payer » puisque l'auteur, toujours fidèle à son penchant pour le thriller, se frotte aux exigences du roman social. En effet, nous sommes dans ce Nord (de la France), terre minière, industrielle, qui a connu les soubresauts de la crise économique puis la culbute de ses principales ressources. Ainsi, nous sommes projetés dans les années 80 avec les remous des luttes syndicales qui hissent leurs étendards et secouent la direction de l'usine Berga avant que celle-ci ne démonte ses machines pour définitivement fermer ses portes. Autant dire que l'auteur a dû se pencher sur des archives pour documenter son récit. Nous sommes en 2015 et c'est le commandant Buchmeyer qui prend le pari de cibler cette période difficile pour la population afin de résoudre cette affaire de meurtre qui va finalement en engendrer d'autres. Pour atteindre son but, il va se fondre dans le paysage et faire des rencontres qui s’avéreront très instructives. Sa nouvelle adjointe, plus pragmatique tu meurs, va suivre des pistes plus conformes aux règles de l'enquête. Alors que leurs relations professionnelles semblent s'adoucir, ils vont découvrir des liens avec le passé qui ont laissé des traces indélébiles et vont s'engager sur des voies sans issue puis revoir leurs convictions. Le patron veut des résultats probants. Et vite. Eh, oh, le commandant à ses petites putes qui l'attendent en Belgique ! Mais Wallet ou le père de Pauline ou le docteur Vanderbecken ont-ils tout révélé ? Les rancunes sont tenaces dans le secteur, les vauriens aussi et l'auteur nous le fait bien sentir.

Si l'auteur sait nous embarquer dans cette histoire sombre et tortueuse, il s'avère que j'ai noté deux ou trois éléments discordants. Que dire des révélations fracassantes du dénommé Béranger qui sont beaucoup trop opportunes - mais il est évident qu'elles facilitent grandement l'avancée de l'enquête. Quant à la validation de la demande d'exhumation obtenue en deux temps trois mouvements par le commandant, je n'y crois guère car elle est hors-la-loi.

Avec ce récit qui devient tentaculaire et cette enquête qui avance posément, Emmanuel Grand propose un final 100% thriller. On prend 4 G dans les gencives et on est un peu surpris de ce choix qui est malgré tout parfaitement maîtrisé. Visiter une friche industrielle reste une image marquante qui en dit long sur l'état d'une région, le désordre psychologique de ces habitants. Les personnages convoqués par l'auteur en témoignent. Le duo de flics est un peu conventionnel mais on le suit avec plaisir dans les méandres de l'enquête. « Les salauds devront payer » est une fiction efficace aux multiples facettes qui flirte avec le réalisme. L'auteur semble prendre de l'envergure avec ce roman qui mérite le détour.

Mention : Bien vu cette mise en situation. Dans les trente premières pages nous suivons trois jeunes soldats en action au Viêt Nam, en Algérie – ainsi que les interventions de René Pleven en 1944, François Mitterrand en 1954, de Georges Pompidou - que nous retrouverons bien plus tard.

« Les salauds devront payer », Editions Liana Levi, parution le 07/01/2016, 380 pages.

Emmanuel Grand, né en 1966, vit en région parisienne. Son premier polar, Terminus Belz, a conquis la presse et les libraires. Sélectionné pour le Prix du meilleur polar des éditions Points et le Prix du polar SNCF 2016, il a remporté les prix PolarLens et Tenebris. Les Salauds devront payer est son deuxième roman.

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J
Bonjour Bob,<br /> Hé bien, tu vois, là pour le coup, je vais découvrir l'auteur par son premier roman "Terminus Belz", que j'ai trouvé d'occasion. En espérant que la part de fantastique ne soit pas trop présente car je ne suis pas un amateur du genre. Dis-moi, ne dit-on pas "Penny fait sa maligne" au lieu de "maline"? Je sais bien que la réforme de l'orthographe est passée par là mais je ne sais pas si malin, maligne est devenu malin, maline. Tu vas me trouver pointilleux mais c'est une des facettes de mon moi-même. Pour le reste, je prends bonne note de ton appréciation positive et je lirai cet opus. Amitiés.
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B
Le fantastique a disparu, on est dans le roman social puis ça vire au thriller. Penny est (dés)agrégée de littérature contemporaine - c'est du moins ce qu'elle avance. Et je me régale à le lui répéter pour qu'elle me réponde illico "maligne"!!! Mais j'ai la réponse de l'académie (http://www.academie-francaise.fr/laurence-p-lamotte-beuvron). Bonne lecture Jean ! Amitiés.