LA DISPARITION

Introduction : Penny est en pause estivale. Elle m'a glissé un mot avant de partir : « Cher Bob, il faut absolument que je te dise que tu aurai – sans « s » donc sans conditionnel - dû lire son précédent roman avant celui-ci. Aussi, j'espère que tu vas enfin annoncer que tu écris des papiers pour L'Indic et tu feras la bise à Caroline et (surtout) au charmant Dj D. de ma part ! » Voilà, voilà, alors que je me morfondais dans l'attente d'un éventuel contact qui me permettrait de renflouer les caisses de mon blog, il arriva enfin. Brrrr..., je remercie l'asso Fondu Au noir pour son accueil... et pour la manne à venir !

Ainsi, j'ai raté Une disparition inquiétante (Seuil, 2014), l'enquête qui reste en travers de la gorge de l'inspecteur Avraham Avraham et dont il est inévitablement question dans ce roman. On ne se sépare pas impunément de la douloureuse sensation d'avoir fait fausse route avec au final la perte d'un adolescent. Cette culpabilité va tarauder le crâne d'Avraham tout au long de ce récit. Le personnage va enfin évoluer grâce à l'enquête dans laquelle il va s'engager.

Tel-Haviv, Holon. Avraham (deux fois) soupçonne un petit traiteur d'avoir posé une bombe bidon tout près de la crèche. Vengeance ? Il remarque également l'attitude insupportable de la directrice. Le premier suspect est relâché. Et si ce n'était qu'un avertissement. Il faut protéger les enfants et trouver le coupable. Le policier en fait une affaire personnelle...

Encore une fois Avraham va suivre son instinct de renifleur, cette méthode peu orthodoxe qui l'a conduit à l'échec dans sa première enquête et que sa cheftaine (et amie) va devoir lui balancer dans les gencives. Une belle baffe qui sera comme un coup de fouet l'obligeant à faire face à la défiance de sa hiérarchie, à s'agripper à chaque piste pour en soutirer le moindre indice, à ne plus trouver le sommeil. Mais l'inspecteur à l'esprit chagrin. Sa compagne, qui doit le rejoindre, semble plus distante. Il parvient à se débarrasser de sa morosité mais aussi de cette insouciance qui frisait l'irresponsabilité dans ses fonctions. Des enfants sont en danger et il ne refera plus les mêmes erreurs. Haïm est le personnage dont nous suivrons les faits et gestes puisqu'il semble y avoir des zones d'ombre dans son parcours. Avraham est persuadé que ce bonhomme qui déclare que sa femme l'a quitté et dont il est sans nouvelle, qui s'occupe donc seul et avec attention de ses deux enfants, qui survit en vendant des sandwiches n'est pas si humble et banal qu'il le laisse croire. Encore une fois, l'auteur avance les pions avec malice et nous délivre des informations essentielles alors que le policier tâtonne et ne lâche rien. Mais qui a posé la bombe ?

Hormis la description du mariage « mixte » de Haïm et son épouse qui se déroule à Chypre puisque l'union civile n'existe pas en Israël – mais qui toutefois valide les noces effectuées à l'étranger – l'action pourrait se dérouler n'importe où, l'auteur concentrant son récit uniquement sur son sujet. Il enclenche diverses pistes et ses obstacles que le policier saura enfin éviter alors que le lecteur sera malmené entre son empathie pour Avraham et Haïm et son désir de connaître la vérité. Cette deuxième enquête s'appuie sur une forte tension psychologique qui ne faiblit jamais. On est manipulé et on aime ça. Il semble que l'inspecteur Avraham Avraham n'a pas fini de faire parler de lui.

Mention : A quand le troisième ?

« La violence en embuscade » Seuil Policiers, Date de parution 12/03/2015, Traduit de l’hébreu par Laurence Sendrowicz, 320 pages.

Dror Mishani est un universitaire spécialisé dans l'histoire du roman policier, fin connaisseur de la littérature française du XIXe siècle et intellectuel engagé, Dror Mishani, 39 ans, incarne avec puissance et originalité le renouveau du polar israélien. Il vit à Tel-Aviv où, ayant renoncé à son activité d'éditeur, il se consacre à l'écriture de la série « Avraham Avraham. »