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DU SANG DANS LE LAIT

Publié le par Bob

DU SANG DANS LE LAIT

Introduction : Afin de maintenir un minimum de qualité et de déontologie à ce blog, je me suis permis de censurer les propos de Penny. Je ne suis pas coutumier de ces méthodes expéditives mais je ne pouvais pas lui laisser dire en introduction de son intervention que ce roman est nippon ni mauvais.

C'est la fin de l'année scolaire, Mme le professeur va quitter le collège. Sa fille Manami est décédée un mois plus tôt. Ainsi Moriguchi Yukô se tient devant ses élèves et évoque son parcours, sa vision de l'éducation et révèle les noms des deux assassins qui se trouvent dans la classe. Sa sanction est prononcée et va atteindre son paroxysme à la toute dernière page.

Vont ainsi intervenir tour à tour dans le récit : la mère vengeresse, la déléguée de classe, la sœur puis la mère de Naoki (l'un des élèves accusés), Naoki et Shûya (l'autre accusé). La prof annonce deux informations ahurissantes – la seconde étant la contamination - qui sont le point de départ d'une incursion dans les méandres de cette histoire très douloureuse. Ensuite la déléguée résume la situation en décrivant les réactions des protagonistes. Puis notre regard va se tourner sur la mère de Naoki qui couve son fils comme il se doit dans les coutumes, une hyperattention et une fausse conviction – qui n'est qu'illusoire - dont on devine les effets destructeurs. C'est ainsi que l'on découvre un Naoki torturé qui nourrit son désir de violence et c'est avec Shûya que se termine les interventions. Ce dernier est pétri de cynisme et de narcissisme mais esseulé et accablé par la fuite de sa mère et sa relation ambivalente.

S’il m’a été donné de découvrir des œuvres plutôt variées depuis (si peu de temps) que je musarde dans le polar avec ce récit d’une auteure japonaise j’avoue avoir été surpris tout d’abord puis légèrement décontenancé et pour finir tout à fait conquis. La structure est peu commune puisque l’on va entrer dans l’intimité des personnages principaux à travers leurs propres interventions (écrites, contées ou diffusées sur le Net) et suivre l’évolution de cette affaire au gré de leurs informations personnelles. Il va de soi qu’elles sont divergentes et c’est le moteur de ce roman. Le trouble s'insinue puis les interrogations affluent alors que l'on se hasarde à discerner certains dérèglements de la communauté nippone avec notamment la violence de sa jeunesse.

Sous la surface de ce thème sociétal étonnamment mis en évidence l'auteure parvient à construire une intrigue en distillant une tension presque impalpable par le jeu des états d'âme et des comportemens des acteurs – Moriguchi Yukô est-elle à l'affût ? Se délecte-t-elle des affres des deux assassins et comment vont-ils assumer leur destin ? – avec un final digne des meilleurs thrillers. Kanae Minato - une auteure dont on attend les prochaines publications - nous offre un roman inventif, profond et troublant. Il parait que le soleil se lève chez eux aussi j’en déduis qu’ils ont un métro d’avance sur nous et il est indéniable que « Les Assassins de la 5e B » devrait devenir un objet littéraire de consommation courante tant la qualité est au rendez-vous.

Mention : Lire la chronique très fouillée chez Ivan (il se dit qu'il aurait un siège VIP réservé sur la Japan Airline):

« Les Assassins de la 5e B », Seuil Policiers, Traduit par Patrick Honnoré , Date de parution 07/05/2015, 256 pages.

Née en 1973 dans le département d'Hiroshima, Kanae Minato a d'abord écrit des séries pour la télévision et la radio. Les Assassins de la 5e B (Kokuhahu), son premier roman, a été un best-seller au Japon lors de sa publication et a remporté le Japanese Booksellers Award 2009. Publié aux Etats-Unis en 2014 sous le titre Confessions, il a figuré parmi la liste des 10 meilleurs polars de 2014 du Wall Street Journal et a été récompensé par le Alex Award en 2015. Parmi ses cinq romans suivants figure Shokuzai, dont l'adaptation pour le cinéma par Kiyoshi Kurosawa a connu un certain succès lors de sa sortie en France en mai 2013.

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