L'ARGENT OU LE PLOMB
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Un MONUMENT, un CHEF D’ŒUVRE, un LIVRE CULTE.
Je me suis recroquevillé - Bob-l’Hermite ridicule - dans ma coquille pour affronter cette Griffe que la critique a porté au pinacle. Bon, j’ai sorti mes naseaux de temps à autre pour reprendre mon souffle car à trop sniffer de la bonne, je te le dis, on en perd ses repères. Parce que si t’as jamais essayé, pour le coup tu vas te prendre un sacré décollage vertical version 10g avec voltige sur les trois Amériques. Et la foutue trainée de condensation qui te colle toujours et encore aux fesses, c’est de la blanche.
Art Keller, c’est le héros, flic à la DEA. Têtu, bourré d’adrénaline et surtout accro... à la lutte contre les narcotrafiquants. Au Mexique, sa route va être pavée de sacrées ornières quand il va offrir le trône du débit de la drogue à un dénommé Miguel Angel Barrera. Du côté des US, ça magouille un max avec des sous-fifres - notamment Callan - qui tentent de prendre le contrôle de la diffusion. Et le Pouvoir amerloque veille. Les Grosses Tronches ont des cocos à bâillonner en refilant des joujoux qui tuent aux gouvernements corrompus. Keller est désormais à cran. Sa sentence sera irrévocable...
C’est une épopée. Celle qui a été engagée durant 25 longues années par l’Amérique du haut pour endiguer le trafic de drogue dispensé par les bons soins de l’Amérique du bas. 3200 km de frontière avec le Mexique, ça te cause ? Bon, t’es bien au courant que les ricains ne font pas que dans l’humanitaire. Ca se saurait. Que, lorsqu’ils font un p’tit tour chez les Chicanos, c’est pas pour leur folklore et pour ramener un chapeau et des maracas. Qu’ils ont fait une légère allergie au Rouge dans certaines contrées de l’Amérique du centre et du bas en montant des Opérations de contrôle de ces Etats. Que les divers présidents qui se sont succédés (Nixon, Reagan, Carter, Clinton) ont usiné ferme, avec des méthodes plus ou moins répressives, pour mettre en place une politique intérieure prohibitionniste. Bon, je résume, les mecs refilent gratos des armes à d’autres mecs - parfois narcotrafiquants - pour piquer le pouvoir aux communistes.
Là, on est dans le vif du sujet de la « Griffe du chien ».
Les cartels colombiens ont déjà avancé leurs pièces sur l’échiquier. Le Mexique sert de passe-muraille. Ca va roquer ferme pour éviter l’échec et mat. L’auteur introduit Keller le Chevalier blanc. Mais les Tours - en l’occurrence ses Big Chiefs - surveillent leurs pions. Le Roi Barrera a trouvé sa Reine Nora tandis que le fou Callan s’agite et que le pion Parada fait de la résistance. En effet, Don Winslow utilise ce scénario grandiose pour y faire graviter ses personnages dans une mise en scène hollywoodienne. Je te laisse cogiter aux acteurs que tu verrais bien pour les incarner. Il s’agit en fait de vengeance et de trahisons. Thème on ne peut plus trituré dans le polar. Et si tu ne t’en tiens qu’à ce seul aspect tu resteras circonspect. Mais, prenons de l’altitude, veux-tu bien ? Songe à cette construction narrative qui dépasse très largement ce que tu as déjà lu. Parvenir à tenir le lecteur par le col et le mener jusqu’au bout, c’est un miracle tant les informations et les protagonistes abondent. Ceux-ci ont tous des trucs à te dire, à te révéler. Nora la pute qui va se salir avec la pègre et ouvrir son cœur aux démunis et à Parada. Callan qui fraye avec tout ce qui bouge. Les Barrera qui naviguent sur un océan de flouze et de rancœur. Et bien sûr Keller, adepte du sang pour sang...
Ellroy a fait un truc dans le genre du côté de Cuba et je n’en connais pas un autre. Impossible de faire l’impasse, tu dois passer par-là... sinon je t’exclus de mon fan-club. Bon d’accord, la « Griffe du chien » est sorti en 2007, tu l’as déjà lu et tu me snobes. Rien à foutre, je lis mieux que toi et j’ai pris mon pied... droit parce que le gauche je te le balance dans le cul. Je suis gaucher du pied (prévenez Thilliez !).
Note : 4,5/5
Mention : Mes stigmates sont irrévocables...
« La Griffe du Chien » Titre original : The Power of the Dog ; Date de parution : 2007 ; Editeur : Fayard Noir ; 770 pages Traduction : Freddy Michalski ;
Don Winslow a été comédien, metteur en scène, détective privé et guide de safari. Il est l’auteur célèbre de nombreux romans, traduits au moins en seize langues, dont plusieurs ont été adaptés à Hollywood. Michael Connelly a dit de lui : « Il me fait penser à Elmore Leonard. » Après avoir vécu dans le Nebraska et à Londres, Don Winslow s’est établi à San Diego, paradis du surf et théâtre de son thriller The Dawn Patrol (Éditions du Masque). Son roman "La Griffe du chien" est unanimement salué par le public et ses pairs, notamment plébiscité par James Ellroy.