QUE LE MAUDIT SOIT
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« - Je te répète que le Maudit c’est le héros de Jacques-Olivier Bosco, B.O.S.C.O. - Bon OK, d’accord, j’ai pigé. Mais il fait dans le roman de gare, non ? SAS ou OSS 117 ? - T’es barge ou quoi ! Ça n’a rien à voir. Y’a pas un putain d’espion. - C’est qui Pompon ? Y’a de drôles de noms dans ce polar. - T’occupe... - Et Jimmy, il est sympa ?- Ferme ta bouche ! »
Parfois, je rencontre des lecteurs vraiment lourdingues.
Lucas dit le Maudit est l’archétype du baroudeur/chasseur de primes/brute épaisse. Amanda, c’est Amanda, elle danse, elle a un beau cul et ma foi elle s’en sert. Lucas sauve la vie de Federico, son protecteur et se fait un fric dingue avec un contrat en flinguant un narcotrafiquant. Nesta, le caïd, veut sa peau. Amanda a le malheur de flinguer l’un des chefs d’une bande de proxénètes de l’Est. Son frérot n’est pas content du tout mais alors pas du tout et capture la sœur d’Amanda qui va proposer à Lucas de lui filer un coup de main pour la retrouver. Dans le registre des coups : total coup de foudre pour le couple.
Je pourrais te dire que ça bastonne à tout va, que ça va coûter un bras en munitions à la production s’ils en font un film, que le climat à Bogotá est plutôt à l’orage car il y pleut des bastos, que les types qui gravitent dans la drogue et la prostitution sont franchement patibulaires et indélicats. Et ben oui. Bosco en fait son terreau, il s’en délecte avec un style simplissime, pas de fioritures, pas de subjonctif, ça tape dans le dur. D’aucuns avanceront que c’est minimaliste et ils n’auront pas tort s’ils restent tanqués - j’ai fait pétanque en deuxième langue - dans leur certitude. Là, petit lecteur affuté, tu vas te prendre une claquasse - j’ai fait argot patoisant en troisième langue - monumentale. Tu vois Jason Statham, tu le vois bien ? Comparé au Maudit, c’est une lopette (par extension : lâche). Tu vois Sharon Stone jeune, tu la vois ? Comparée à Amanda, c’est Rossy de Palma (¡Hola, Rossy!). Je les ai aimé ces personnages décrits minutieusement, de la tête aux pieds, jusqu’aux bouts des doigts où, souvent, une arme s’impatiente. Mais cette atmosphère guerrière sera tempérée par la pulsion amoureuse et les tourments, à la fin du récit, des deux tourtereaux.
Quand au fond, je pense que Bosco l’a un peu mis dans sa poche sous un mouchoir. Ce n’est pas son fonds de commerce. Pas le temps. L’action prime, Lucas supprime et Amanda déprime. Tu vas me dire que tout ceci n’est que Clichés et Cie. Je te répondrai que les images sont si intenses qu’elles ont suffi à apaiser ma fringale. Il y a quand même le sort réservé aux femmes que l’auteur a mis en évidence. Une manière de dénoncer les agissements pourris de ces hordes de malfaiteurs qui martyrisent et avilisent. Pas facile à digérer.
Si tu n’es pas trop douillet, tu vas prendre ton pied jusqu’au bout, jusqu’à l’ultime « A présent, plus que jamais, ce surnom collait à son âme. Le Maudit. »
Note : 3/5
Mention : Ah, putain qu’est-ce que ça fait du bien ! Ou pour les oreilles chastes Mon dieu, j’en suis tout émoustillé !
« Aimer ou laisser mourir » Editions JIGAL Février 2014 Format Poche 336 pages
Jacques-Olivier BOSCO, JOB pour les intimes, est un enfant de la Méditerranée. Le grand-père, un peu communiste, un peu journaliste, a quitté Palerme dans les années trente : on dit qu’apprenti barbier, il aurait coupé, en le rasant, un mafioso local, d’où la fuite vers l’Algérie… Ça commence fort dans la famille ! Les parents sont nés à Alger et le reste de sa famille est niçois, bien qu’à moitié italien et un peu espagnol ! Allez comprendre ! De la banlieue sud à l’Océan Indien, JOB a bourlingué un peu partout… Tour à tour plongeur, barman, scénariste, régisseur, JOB se retrouve un jour sur une plage paumée où il tient un snack et rencontre son idole, José Giovanni qui, après avoir lu ses premiers écrits, l’encourage et le conseille. Plus tard, il sera cuistot, restaurateur ou technicien dans l’aéronautique… Avec depuis toujours cette furieuse envie de coucher sur le papier des histoires destinées à vous rendre insomniaque ! En trois romans, il a su imposer son style vif, tranché, violent qui laisse tout le monde sur le carreau ! De là-haut, Giovanni veille sans doute au grain…